Le Chronomancien de Nouvelle-Viktoria
Dans les ruelles brumeuses de Nouvelle-Viktoria, où la vapeur s’échappait des cheminées comme les rêves d’un monde meilleur, un homme au regard pénétrant fréquentait les tavernes en quête d’histoires oubliées. Son nom était Thaddeus Clockwork, et sa réputation de Chronomancien le précédait.
Vêtu d’un long manteau noir, d’un gilet rouge éclatant sous les lumières tamisées des lampes à gaz, et d’un nœud papillon qui aurait pu rivaliser avec le coucher de soleil, Thaddeus était un personnage fascinant. Sa barbe grise, impeccablement taillée, soulignait son visage marqué par le temps, mais ses yeux brillaient d’une intelligence vive. Sur son front reposaient des lunettes de protection, prêtes à plonger dans les mystères des machineries qu’il aimait tant.
L’architecture de la ville qui l’entourait semblait vivante, chaque tour gothique et chaque sculpture expressive racontant une histoire de gloire passée. Les engrenages et mécanismes qu’il portait s’harmonisaient avec l’environnement, témoignant d’une fusion magistrale entre l’ancien et le futuriste. Thaddeus aimait passer ses soirées à fureter dans les marchés aux puces, à la recherche de pièces rares pour ses inventions. Ses bras, ornés de divers dispositifs steampunk, faisaient de lui un véritable artiste de la mécanique.
Ce soir-là, alors qu’un orage grondait au loin, Thaddeus s’aventura au sous-sol d’une ancienne bibliothèque, un lieu que peu osaient explorer. Des rumeurs circulaient selon lesquelles un artefact, le « Miroir des Éons », était dissimulé quelque part dans cette cathédrale de connaissances. Cet objet légendaire, disait-on, avait le pouvoir d’influencer le temps lui-même.
Guidé par le faible éclat de sa lampe à pétrole, il parcourut les allées poussiéreuses, son cœur battant à l’idée de découvrir ce que d’autres n’avaient réussi à trouver. Des pages jaunies, des cartes anciennes et des ouvrages mystérieux s’étalaient autour de lui. Chaque article lui murmurait des secrets, lui rappelant les merveilles de l’ancienne technologie et les possibilités infinies de l’imagination humaine.
Après des heures de recherche, Thaddeus tomba sur un document ravagé par le temps. Les mots semblaient danser devant ses yeux : « Lorsque l’aiguille touche la douzième heure, le miroir s’éveillera. » Presque immédiatement, le tonnerre résonna, et une lumière incandescente apparut au fond de la pièce. Thaddeus s’approcha, ses mains tremblant d’excitation.
Ce qu’il découvrit en s’approchant changea sa vie à jamais. Un miroir opalescent flottait devant lui, pulsant d’une énergie indescriptible. En tendant la main, Thaddeus sentit une connexion instantanée, comme si le temps lui-même l’embrassait. Chaque cogitation, chaque révolution des engrenages de son esprit, avait mené à ce moment précis.
Dans le reflet, il vit non seulement son propre avenir, mais aussi les chemins possibles de l’humanité. Avec le pouvoir du Miroir des Éons, Thaddeus savait qu’il pouvait guider sa ville vers un nouveau destin, un avenir où l’harmonie entre l’homme et la machine dominait.
Armé de cette connaissance, il sortit de la bibliothèque, le regard déterminé, prêt à changer le monde à travers l’artisanat et l’innovation. La vapeur s’échappait de ses inventions, mais c’était le côté caché de son expérience qui allait le mener à l’immortalité. Nouvelle-Viktoria n’avait encore rien vu. Thaddeus Clockwork, le Chronomancien, était prêt à écrire l’histoire.
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